FARCE OU PIÈGE ?
La nouvelle était tombée, telle un couperet : » Je suis enceinte, le test est positif. » Avait dit Cathy.
Devait-elle en rire ou en pleurer, Aline ne savait plus. D’ailleurs Cathy ne savait pas plus qu’elle la conduite à adopter en une telle circonstance.
– Prises au piège, voilà ce que nous sommes ! Quelles gourdes quand même ! Explosa celle-ci, jetant les résultats du labo sur la table.
– Parle pour toi, je suis toujours libre moi.
– Ah! Bravo, merci pour ton soutien. Reprit Cathy à la fois étonnée et déçue. Je sais bien que c’est moi qui t’ai entraînée dans cette histoire mais tu ne vas pas me laisser tomber dis ?
Avaient-elles songé un instant à un tel dénouement, le premier avril, quand tout avait commencé ?
Depuis un mois Cathy sortait avec Régis. Elle en avait eu assez des samedis soirs devant la télé, alors elle lui avait dit oui. Non qu’il l’intéressait, mais tout plutôt que se morfondre et cafarder.
– Il commence à m’agacer sérieusement, il m’étouffe !
– Plains-toi, j’en voudrais bien moi de ses baisers. Lui avait répondu sa sœur envieuse.
Cathy était restée un moment le regard perdu avant de s’exclamer : » Mais oui, pourquoi pas ? « .
Le sourire qu’elle arborait n’était pas rassurant, Aline avait eu à se plaindre trop souvent des idées géniales de sa jumelle.
– Puisque nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau, il ne verra pas la différence, continua Cathy surexcitée.
– Attends un peu, tu plaisantes là hein ?
Cathy, une fois de plus, avait entraîné sa sœur dans une rocambolesque aventure.
Le samedi premier avril, vingt heures, devant la fontaine.
Aline attendait. Régis était toujours à l’heure paraît-il, mais Cathy était si pressée d’envoyer sa sœur à sa place qu’elle l’avait fait partir trop tôt. Il ne savait pas qu’elles étaient jumelles, chacune parlait rarement de l’autre, elles en avaient pris l’habitude. Elles s’aimaient beaucoup oui mais avaient décidé de vivre leur propre vie.
Quelle farce stupide, pensait-elle, je ne tiendrai pas le coup. Ses jambes semblaient se dérober, alors qu’elle aurait voulu fuir, elle restait paralysée. Un premier avril on peut bien faire une farce non ? Avait lancé Cathy pour se donner bonne conscience.
– Salut ! Tu es la première arrivée, quel évènement.
Elle avait été surprise, noyée dans ses pensées elle ne l’avait pas vu arriver. Déjà il l’enlaçait, cherchant ses lèvres. Un frisson lui parcouru le dos, il le remarqua.
Comment Cathy avait-elle pu se lasser de ses baisers ? Elle ne la comprendra jamais.
Il était convenu qu’elle n’irait pas trop loin, une farce est bonne si elle ne dure pas trop. Pourtant Aline savait rendre service à sa sœur en se faisant passer pour elle alors …
Elle lui avouerait tout bientôt. Régis en rirait c’est sur … Mais s’il se fâchait ? Elle le perdrait. Ainsi continua la farce.
Vendredi 28 avril, le petit café en face du supermarché.
– Tu ne crois pas qu’on pourrait faire des projets d’avenir ma chérie ? A 25 ans on n’est plus des gamins.
Elle avait tressailli. L’avenir elle y avait pensé certes, mais elle avait retardé le moment de la confession et voilà qu’il la mettait devant l’évidence. Pourquoi justement aujourd’hui ? Cathy devait passer au labo ce soir en sortant du bureau. Elles en avaient parlé toutes les deux.
» Puisqu’il te fait tant d’effet, garde le, moi j’ai d’autres projets. « . Ainsi Aline s’était sentie soulagée, désormais il était à elle.
Que pouvait-elle lui répondre ? Bientôt tu seras père ! Cathy était si malade que son état ne faisait aucun doute, le test n’était qu’un besoin de confirmation. Être mère la laissait indifférente, mais garder son indépendance ça comptait pour elle. Le mariage, pas question !
Devant le silence d’Aline, Régis ne sut que penser. Elle avait invoqué des soucis passagers dus au travail.
– Je croyais qu’être mère célibataire ne te faisait pas peur ?
– Bien sur que non, l’opinion des gens ne me fait pas peur, seulement je comptais sur ton aide. Maintenant tu parles de te marier, de me laisser seule, ça change tout.
On dit que la nuit porte conseil, appliquant cette maxime, les complices s’étaient retirées dans leur chambre respective.
Samedi 29 avril, le petit déjeuner est servi.
– J’ai bien réfléchi, si je garde cet enfant ton bonheur est compromis, disant cela, Cathy se détournait de la tasse d’où s’échappait l’arôme du café. Et la perspective d’être malade tous les matins ne m’enchante guère, alors j’ai pris une décision, l’avortement.
– Je ne sais quoi te dire, toi seule peut prendre cette décision, c’est ton corps après tout. Il est vrai que cet enfant restera toujours entre nous comme pour nous punir. Et … Régis, qu’en pensera t-il ?
– Tu lui en as parlé ? Tu es folle !
– Mais non il ne sait rien de notre secret, mais tu ne crois pas que dans la situation actuelle il a son mot à dire ?
– Quel sera le plus fort, son amour pour toi ou son instinct paternel ? Qui voudra t-il garder ? Es-tu prête à prendre ce risque ? Non sœurette, crois-moi, gardons notre secret et dis lui oui sans remords.
Samedi 27 mai. Restaurant » le colibri » treize heures.
– Quand Aline m’a annoncé vos fiançailles, j’ai réalisé que je ne te connaissais pas encore futur beau-frère.
Elle avait changé de coiffure, adopté un look totalement différent.
– Et moi, quand j’ai appris qu’elle avait une sœur jumelle, j’ai eu peur de vous confondre, mais là je suis rassuré, vous ne vous ressemblez pas du tout !
Devant le fou rire qui s’en suivit, le pauvre Régis se demanda ce qu’il avait bien pu dire de si drôle.
Josy de Carpentras
j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog naissant ( lien sur pseudo) à bientôt.
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Je viens juste de découvrir votre commentaire qui, allez savoir pourquoi, était dans les indésirables ! J’ai juste survolé le votre à l’instant j’y retournerai car intéressant. Merci de votre visite.
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